31 mars 2006

Le projet Laramie

pièce de théâtre de Moisés Kaufman, adaptée et mise en scène par Hervé Bernard-Omnès. Cette pièce est en réalité un documentaire théâtral. Elle a été construite sur plus de 200 interviews et elle raconte le meurtre de Matthew Shepard, un étudiant gay de 21 ans torturé à mort dans le Wyoming en 1998.

Sur la forme c'est très surprenant, et cela ressemble à Dogville de Lars Von Trier : un plateau dépouillé, un éclairage cru, et une dizaine d'acteurs qui interprètent plusieurs personnages (ou personnes puisque le projet repose sur des interviews). Une "voix off" incarnée par un acteur sur le côté de la scène donne les noms des personnes qui parlent, et rappelle les faits.

Sur le fond, j'ai trouvé cette pièce extraordinairement utile, au même titre que le film Brokeback Mountain de Ang Lee. Il est frappant de remarquer que les faits réels relatés dans le Projet Laramie et les faits imaginaires de Brokeback Mountain se sont tous deux passés au Wyoming. Mais comme l'actualité le montre encore aujourd'hui, l'homophobie est toujours là.

En effet, à l'heure où j'écris ce post, j'apprends que deux agressions homophobes viennent d'avoir lieu à Paris. On est en 2006. L'info figure sur le site de Têtu :

Jointe par Têtu, la brigade criminelle de Paris révèle les agressions particulièrement sauvages dont ont été victimes deux homosexuels la semaine dernière à Paris. Olivier L., 60 ans, propriétaire d'une maroquinerie à Bourges, a été retrouvé mort dans sa garçonnière de la rue du Grand Prieuré, située dans le 11e arrondissement de la capitale, au dessus du domicile de son frère avec lequel il avait dîné au restaurant le soir même. Il aurait été étranglé dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 avril. Sa carte bleue, de l'argent liquide, une montre et plusieurs sacs de marque ont disparu de l'appartement. Le week-end dernier, Laurent C., 41 ans, professeur particulier d'anglais, a par ailleurs été retrouvé passé à tabac chez lui, rue Saint-Blaise, dans le 20e arrondissement de Paris. Son agression remontait à une semaine. Il souffre d'un traumatisme crânien, sa langue, son œil et une oreille ont été très sévèrement endommagés par la violence des coups. Ses jours ne sont plus en danger.

La haine est toujours là.

19 mars 2006

"Just"

Un vieux titre de Radiohead tiré de l'album "The Bends", remis au goût du jour dans cette vidéo super bien faite :-)

18 mars 2006

Yes, I switched ;-)


Yes, I switched ;-), par tiseb

Ca y est, j'ai franchi le pas. Me voici maintenant un membre heureux de la communauté Mac :-)

13 mars 2006

Capote

film de Benneth Miller (2005)

Performance d'acteur avant tout, ce biopic est un écrin rêvé pour Philip Seymour Hoffman, qu'on a surtout l'habitude de voir dans des seconds rôles (par exemple dans Magnolia ou encore Punch Drunk Love). Son interprétation de Truman Capote relève véritablement de la transformation : changement de voix, mimiques, tout y est. Ce film est aussi l'occasion de découvrir une période de la vie du grand écrivain Américain, pendant laquelle il s'est attelé à la rédaction de "In Cold Blood" ("de sang froid" en français). Le film présente un Truman Capote star dans son petit milieu VIP New-Yorkais, qui s'exile en plein cœur du Kansas pour relater une banale histoire de meurtre. Rapidement, Capote est fasciné par un des deux meurtriers-héros, et une relation d'amour-haine se crée entre les deux personnages. La part d'ombre qui réside en Capote se révèle au long du film, et nos sentiments de spectateurs vont-et-viennent entre fascination et répulsion. Un film très réussi donc :-)

08 mars 2006

The Human Stain

roman de Philip Roth (2000)

J'ai un tout petit peu moins aimé que American Pastoral, mais je dois avouer que j'ai encore été bluffé par la manière dont Philip Roth arrive à faire vivre ses personnages. Ca m'a rappelé un peu Paul Auster (dont j'étais grand fan il y a quelques années), mais en mieux (disons en moins lisse). Ici l'histoire est celle de Coleman Silk, un professeur d'université forcé à la démission pour une histoire de racisme (à moins qu'il ne s'agisse que d'un prétexte et que la vraie raison de sa déchéance réside dans le fait qu'il sort avec une jeune fille plus jeune que lui ? Va soir...). Ironie du sort, Coleman Silk est d'origine Black, et a lui aussi souffert du racisme dans sa jeunesse. Bref, un roman parfaitement maîtrisé et dont la lecture se révèle un véritable plaisir.

05 mars 2006

Memoirs of a Geisha

film de Rob Marshall (2005)

Voici enfin l'adaptation au cinéma du très bon roman d'Arthur Golden. Même si le film ne tient pas toutes ses promesses face au livre, le résultat vaut franchement le déplacement. Parmi ce qui m'a le plus gêné au début, le casting composé de stars chinoises (un peu surprenant pour jouer des geishas, mais bon), et surtout le fait que tout le monde joue en anglais, forcément d'une manière pas très naturelle. Le film aurait gagné à être tourné en japonais, mais je comprends bien que Hollywood ne pouvait pas laisser faire ça :-). Quoi qu'il en soit, les acteurs sont très convaincants, même si leurs rôles sont plutôt unidimensionnels et l'histoire finalement assez manichéenne. Le gros gros gros point positif c'est la photo, splendide ! Et bien évidemment la mise en scène de Rob Marshall, qui avait déjà montré l'étendue de son talent dans Chicago. Deux scènes m'ont particulièrement ému : la première rencontre entre Chiyo, encore petite fille, et le Chairman, sur un pont en avril. Presque pas de paroles, mais une intensité de jeu qui m'a mis les larmes aux yeux. Et bien sûr la danse de Sayuri sous la neige, à mi-chemin entre la danse traditionnelle japonaise et la dance contemporaine, filmée avec inspiration par l'ancien chorégraphe qu'est Rob Marshall.