En l'absence des hommes

roman de Philippe Besson (2001)

Très beau texte sur l'amour qu'éprouve un jeune garçon pour un soldat qui va partir au front lors de la première guerre mondiale, et sur ses amitiés avec Marcel P., un romancier célèbre.

Mes meilleures amies: une bonne comédie bien régressive comme il faut :-)

Le Royaume du Nord, Vol. 4 : Amarok

roman de Bernard Clavel (1986)

Un volet de plus dans la cycle du Royaume du Nord, qui relate cette fois la fuite de deux trappeurs pourchassés par la police montée du Québec. Comme à l'accoutumée, Bernard Clavel excelle dans la description des étendues sauvages et enneigées du Grand Nord, balayées par un souffle glaçant et mortel.

In Time ("Time Out")

film de Andrew Niccol (2011)

Un matériel de départ vraiment excellent : dans une société où le temps a remplacé l'argent et où les hommes sont génétiquement programmés pour ne plus vieillir après l'âge de 25 ans, chacun doit "acheter" du temps pour continuer à vivre jour après jour, alors que d'autres sont presque immortels tellement ils sont riches. La métaphore de la société capitaliste actuelle est bien vue, et l'idée du remplacement de l'argent par le temps donne lieu à de véritables trouvailles scénaristiques. Malheureusement l'intrigue — une variation sur les thèmes de Robin des Bois et de Bonny and Clyde — est très téléphonée, et pas mal de scènes sont du pire registre hollywoodien.

"L'homme de cendre" à la Maison de la culture du Japon

C'est un spectacle de danse contemporaine unique et sidérant que nous avons vu là. Créé par le chorégraphe Maro Akaji et sa compagnie Dairakudakan, ce spectacle raconte l'extinction et la renaissance d'une cohorte de personnages qui gravitent autour d'un "homme de cendre". Souvent grotesque et inquiétante quand elle fait penser aux représentations de démons gesticulant dans les estampes de Hokusai, la chorégraphie se fait également drôle et absurde par moments, avec des personnages qui font penser aussi bien à Dragon Ball Z (tortue géniale !) que Zelda.

Le traducteur amoureux

roman de Jacques Gélat (2010)

Un traducteur bascule petit à petit vers le plus horrible des crimes : trahir son auteur. Au début ça n'a l'air de rien, juste quelques changements de virgules, mais ensuite tout s'emballe et des mots sont remplacés par d'autres, des phrases sont enjolivées, puis des paragraphes entiers sont déplacés, voire supprimés. Le hic ? Le traducteur n'est pas conscient de ce qu'il fait... Mais que se passe-t-il quand le résultat de cette "trahison" s'avère meilleur que l'original, et vaut à l'auteur un succès littéraire immérité ?

Ce petit roman aurait rapidement pu balancer vers le polar, mais c'est une toute autre piste qui est explorée ici, comme le laisse entendre le titre. Une lecture assez plaisante au final.

Le Royaume du Nord, vol. 3 : Miserere

roman de Bernard Clavel (1984)

Moins abouti que Harricana ou L'or de la terre, ce 3e tome du cycle du Royaume du Nord m'a laissé sur ma faim : trop court (la fin est arrivée alors que je m'imaginais être à la moitié de l'histoire !), et surtout j'ai eu l'impression que Clavel s'était laissé "manger" par son sujet — la crise de 1929 — et a oublié de donner de l'épaisseur à ses personnages.

Les femmes du 6e étage: une comédie poussive qui gagnerait à être offerte en supplément de la compilation 1962 du Figaro-Madame. Bref, sans intérêt.

Le Royaume du Nord, vol. 2 : L'or de la terre

roman de Bernard Clavel (1984)

Suite de Harricana, ce deuxième volet de série du Royaume du Nord est consacré à la ruée vers l'or qui a attiré les colons au début du XXe siècle dans le grand nord québécois. On retrouve avec plaisir les sublimes descriptions des lacs gelés et paysages enneigés qui faisaient toute la saveur de Harricana, auxquelles s'ajoute cette fois-ci une dimension tragique poignante.

Ivanhoé

roman de Walter Scott (1819)

LE roman d'aventures chevaleresques par excellence, qui manquait à ma culture personnelle ;-)

Beginners: petite tragicomédie mignonne, avec des personnages réduits à un seul qualificatif : "adorable" pour Mélanie Laurent, et "tristouille" pour Ewan McGregor. Seul le personnage de Christopher Plummer, un père de famille qui s'assume gay à 75 ans, est plus fouillé que les autres et suscite une vraie empathie.

Limitless: une bonne idée de départ, et puis c'est tout. Ça fait un bon petit film pour une soirée VoD.

L'exercice de l'État

film de Pierre Schoeller (2011)

Un film très désabusé, qui ne cherche pas à attirer la sympathie des spectateurs. Le problème pour moi ne vient pas du fond (je suis déjà convaincu que le métier d'homme politique à l'heure actuelle n'a rien de reluisant...), mais de la mise en scène, avec un bon paquet de scènes pas du tout crédibles. Dommage.

Kung-Fu Panda 2: manque l'effet de surprise du 1er épisode, mais bien sympa quand même pour une soirée VoD.

The Ides of March — Les marches du pouvoir

film de George Clooney (2011)

Film en demi-teinte qui s'intéresse avant tout au jeune conseiller d'un gouverneur en pleine campagne des primaires démocrates US, plutôt qu'à la campagne en elle-même. Le portrait de ce jeune "narriviste" (à la fois naïf et arriviste) est assez réussi, grâce surtout à Ryan Gosling qui arrive incarner sans peine un personnage apparemment "en contrôle" de ses attitudes contradictoires et destructrices. Malheureusement, même si les deux vieux routiers George Clooney et Philip Seymour Hoffman assurent une partition sans faute (comme d'habitude), la sauce ne prend jamais réellement et on reste un peu sur sa faim. À noter que le titre original fait référence au jour de l'exécution de César par son fils Brutus, ce qui du coup donne un peu plus de relief au film que le titre en français.

Sakamoto+Morelenbaum+Kang à la Cité de la musique

récital de Ryûichi Sakamoto au piano, Jaques Morelenbaum au violoncelle, et Judy Kang au violon.

Dans la même veine que le superbe album "1996" (dont une grande partie a été reprise lors de ce concert), ces versions épurées et presque chambristes des morceaux les plus connus de Ryûichi Sakamoto apportent un degré de finesse et d'émotion supplémentaire que les versions pour piano solo que nous avions entendues à l'Espace Cardin il y a 2 ans. C'est dire si on atteint ici des sommets :-)

Danses et musiques des Ryûkyû à la Maison de la culture du Japon

Nous poursuivons notre découverte des danses et chants du Japon grâce à l'excellente programmation de la MCJP. Après avoir découvert le jiuta mai en juin dernier, cette fois ce sont les danses et musiques traditionnelles d'Okinawa qui sont à l'honneur.

Si grosso modo pour nos yeux et nos oreilles non habitués la gestuelle et la musique sont sensiblement les mêmes, ce sont surtout les costumes et le maquillage qui diffèrent : en effet Okinawa, qui était un royaume indépendant jusqu'à la fin du XIXe siècle, a été fortement influencé par ses échanges avec la Chine et l'Asie du Sud-est, et cela se voit dans la profusion de couleurs éclatantes des kimonos des danseurs et danseuses, ainsi que dans leurs accessoires et leurs coiffes.

Au programme: 5 danses, 2 chants, et une pièce de kumiodori (le théâtre chanté et dansé typique d'Okinawa) intitulée "Nidôtekiuchi". Un ravissement.

L'habit ne fait pas le moine

recueil de Gilles Henry (2006)

Dans la même collection que "Bouche bée, tout ouïe" que j'avais lu précédemment, ce petit recueil consacré à l'origine des expressions imagées du français m'a permis de découvrir d'où venaient des expressions comme "mort aux vaches", ou "parler comme une vache espagnole" (mais ça ne parle pas que de vaches, je vous rassure :-) )

Comment voyager avec un saumon

Recueil de textes humoristiques de Umberto Eco (1992)

Un ou deux textes très amusants (notamment le premier, "Galons et galaxies" qui est totalement absurde, et certains "modes d'emploi" concernant les textes d'aide des logiciels informatiques ou la manière de faire renouveler son permis de conduire), mais le reste est soit daté (certains textes sont très ancrés dans les années 80), soit abscons, comme souvent malheureusement avec Eco...

沈黙 — Silence

roman de Shûsaku Endô (1966)

Japon, 1614. Le shogun formule un édit d'expulsion de tous les missionnaires catholiques. En dépit des persécutions, ces derniers poursuivent leur apostolat. Jusqu'à ce qu'une rumeur enfle à Rome : Christophe Ferreira, missionnaire tenu en haute estime, aurait renié sa foi. Trois jeunes prêtres partent au Japon pour enquêter et poursuivre l'œuvre évangélisatrice...

Lorsque nous avions visité Nagasaki je me souviens avoir été intrigué par un imposant monument, le "mémorial des 26 martyrs chrétiens", érigé en 1962 pour commémorer les exécutions de croyants qui ont eu lieu dans cette région du monde à la fin du XVIe siècle. À l'époque, le Japon était ouvert aux échanges avec le Portugal et les Pays-Bas, et soumis à l'influence de la culture occidentale par le biais des marchands et des missionnaires. Je ne connaissais pas du tout cette période de l'histoire du Japon, et c'est avec beaucoup de curiosité que j'ai lu ce roman de Shûsaku Endô, qui retrace la période trouble située entre ces événements et la "fermeture" du Japon par Tokugawa en 1641.

Au-delà de l'aspect historique, j'ai également été intéressé par ce que Endô (qui était lui-même catholique) dit du mystère de la foi et du silence de Dieu face aux atrocités des hommes.

La neutralité d'Internet

essai de Nicolas Curien et Winston Maxwell (2011)

Une petite centaine de pages rédigées dans un langage accessible pour bien comprendre les contraintes et les enjeux autour de la Net Neutrality.

Studio

roman de Philippe Sollers (1997)

Un quasi auto-portrait tout en fausse modestie et vraie misanthropie, qui a la bonne idée de convoquer Rimbaud et Hölderlin pour la fine bouche. Du Sollers quoi.

The Great Gatsby

roman de Francis Scott Fitzgerald (1925)

Un grand classique de la littérature US des années 20. Je ne connaissais ce roman que par son titre et sa réputation, et j'ai beaucoup apprécié l'intrigue (avec son lot de surprises), et la manière dont le roman décrit la vie des riches oisifs dans l'univers feutré de la Côte Est des Etats-Unis... avant la chute.

L'édition poche est agrémentée d'extraits de la correspondance entre Fitzgerald et son éditeur Maxwell Perkins, à l'époque de la rédaction et de la publication du roman. Très instructif, pour qui s'intéresse un peu aux métiers de l'écriture.

"Brillant Corners" de Emanuel Gat, à la Cour d'Honneur des Invalides

Vue dans le cadre de Paris Quartier d'Été 2011, cette chorégraphie contemporaine pour un groupe de 10 danseurs, sur une musique jazz un peu absconse composée par Emanuel Gat lui-même, est assez jolie à voir mais pas très lisible. D'ailleurs d'après le programme, "la pièce Brillant Corners ne cherche pas à démontrer ou à établir quelque chose, pas plus qu'elle n'est à propos de quelque chose : elle est en elle-même quelque chose.". Et pour ceux qui n'auraient vraiment pas compris le message, le programme est encore plus explicite : "ne cherchez pas à saisir ce qui se passe avec des mots, laissez-vous emporter pour entendre plus, voir plus, sentir plus."

Empire

roman de Gore Vidal (1987)

Ce foisonnant roman de plus de 700 pages raconte la naissance des relations troubles entre la politique et la presse au début du XXe siècle aux États-Unis, à l'époque où les uns comme les autres s'acharnent à bâtir leur empire et asseoir leur domination sur le monde. Extrêmement bien documenté et vivant (c'est la patte Gore Vidal !), ce roman compte parmi ses personnages principaux quelques grandes figures de l'Histoire : le Président William McKinley et son successeur Theodore Roosevelt, le Secrétaire d'Etat John Hay (ancien secrétaire de Lincoln), ainsi qu'un certain Randolph William Hearst, magnat de la presse qui inspirera bien des années plus tard le personnage principal de Citizen Kane au cinéma.

Harry Potter and the Deathly Hallows - Part 2

film de David Yates (2011)

La série Harry Potter se termine sur une belle note : les effets spéciaux n'ont jamais été aussi réussis (et maintenant en 3D, even better :-) ), l'affrontement entre les forces du bien et du mal est très impressionnant, et des petites touches d'émotion bien dosées viennent donner un peu d'âme au film.

"Agamemnon" à la Comédie Française

tragédie de Sénèque le Jeune

La fulgurance de visions rêvées ou cauchemardées : des visages de pierre surdimensionnés qui s'animent par le miracle de la projection vidéo, des monologues remplis de fureur, et un final horrifique qui donne envie de hurler. Saisissant !

Remarkable Creatures

roman de Tracy Chevalier ("Prodigieuses créatures", 2009)

Je retrouve avec plaisir la "petite musique" de Tracy Chevalier (déjà à l'œuvre dans "la jeune fille à la perle" ou "la dame à la licorne") : une prédilection pour des récits imaginés à partir d'une toile de fond historique (ici : la découverte des premiers fossiles d'étranges créatures au début des années 1800, qui va remettre en question les théories sur la création du monde), mais surtout l'écriture d'une femme incarnant d'autres femmes avec beaucoup de finesse et de justesse. Une belle lecture :-)

The Elusive Embrace

roman de Daniel Mendelsohn ("L'étreinte fugitive", 1999)

L'autoportrait d'un homme passionné par les langues anciennes et par les garçons, qui est aussi une belle réflexion sur "la grammaire de l'identité".

X-Men: First Class

film de Matthew Vaughn

Situé au début des années 60 (avec un prologue dans les camps de la mort polonais qui reprend le tout début du premier X-Men), ce film décrit la rencontre entre Charles Xavier et Erik Lehnsheer. Quelques personnages secondaires sans importance et un grand méchant over-the-top et quasi-inutile plombent l'histoire, mais j'ai quand même passé un bon moment, happé par la puissance qui se dégage des images et par l'interprétation rageuse et douloureuse de Michael Fassbender (Erik Lehnsheer / Magnéto).

A Clockwork Orange

film de Stanley Kubrick (1971)

Je suis toujours en plein dans ma phase Kubrick ;-) Revu Orange Mécanique ce soir au MK2 Bibliothèque, très très bon. Satirique à fond les ballons, grotesque par moments, en fait c'est surtout une grosse farce.

Foundation

roman de Isaac Asimov (1951)

Je me souviens avoir adoré lire ce roman quand j'avais 17 ans, et j'avais beaucoup accroché à l'histoire de cette Fondation dont la mission était d'éviter l'avènement des 30 000 ans de ténèbres qui, selon le psycho-historien Hari Seldon, devaient suivre l'effondrement de l'Empire Galactique.

Vingt ans et des centaines de lectures de SF plus tard je me rends compte que ce roman a énormément vieilli et a beaucoup perdu en crédibilité. À lire en se replaçant dans le contexte des années dorées de la science-fiction : l'importance donnée à la technologie "nucléaire" dans le roman vient de là, quant à la théorie selon laquelle on pouvait prédire l'avenir en se basant sur l'analyse des masses c'est sympathique mais on était visiblement bien loin d'imaginer le concept de Black Swan à l'époque ;-)